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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 20:58

La crise financière de 2001 a été un point tournant dans la récente histoire économique de la Turquie. En effet, selon Daron Acemoğlu et Murat Üçer (2015a, 2015b), les cinq années qui l’ont suivie ont été marquées par une croissance forte, inclusive et de qualité. Le PIB par tête a augmenté en moyenne d’environ 6 % par an, soit à un rythme qui n’avait pas été observé depuis les années soixante. Cette performance n’est pas due à la seule accumulation des facteurs : la moitié de la croissance du PIB par tête s’est expliquée par la croissance de la productivité totale des facteurs, puisque celle-ci s’est maintenue à environ 3 % entre 2002 et 2006. Au cours de cette période, l’investissement est passé de 12 à 22 % du PIB, avant tout sous l’impulsion de l’investissement en machines et équipements. Grâce à une croissance annuelle de la productivité tournant autour de 7 %, la part de l’activité manufacturière dans le PIB (à prix constants) est passée de 22 % à 24 % entre 2001 et 2007. L’inflation, qui atteignait en moyenne 80 % durant les années quatre-vingt-dix, n’était plus qu’à un chiffre. Le secteur public s’est fortement désendetté après la crise financière : la dette publique est passée de 75 % à 35 % du PIB, ce qui permit au gouvernement de se constituer une marge de manœuvre budgétaire.

GRAPHIQUE  Taux de croissance du PIB par tête turc (en %)

Les hauts et les bas de la croissance turque

source : Üçer et Acemoğlu (2015b)

Toujours entre 2002 et 2006, la base économique s’est élargie de deux façons. D’une part, grâce au rattrapage des niveaux de productivité impulsé par les investissements dans les infrastructures et l’amélioration de la qualité des services publics dans les, le début des années deux mille fut marqué par une convergence des niveaux de vie entre les régions littorales à l’ouest et les régions à l’intérieur des terres, notamment les villes des « tigres anatoliens ». En effet, la croissance avait jusqu’alors tendance à se confiner aux grandes villes industrielles à l’ouest du pays. D’autre part, l’Etat a accru ses dépenses consacrées à la santé et à l’éducation, ce qui a permis de fortement réduire les inégalités de revenu et les inégalités d’accès aux services publics. Les taux de pauvreté se sont réduits, la classe moyenne s’est développée et les inégalités de revenu ont diminué, notamment avec la forte croissance des salaires parmi les plus modestes. Le taux de mortalité infantile, l’espérance de vie et la qualité de l’éducation (mesurée notamment par les résultats aux tests PISA) ont connu un rattrapage rapide sur les moyennes des pays de l’OCDE.

La croissance turque a ralenti autour de 2007 et Üçer et Acemoğlu suggèrent que ce ralentissement s’est amorcé avant qu’éclate la crise financière mondiale, ce qui suggère que des facteurs structurels sont à son origine. La croissance du revenu par tête a atteint en moyenne 3 % entre 2007 et 2014. Après s’être contracté de 5 %, le PIB a rebondi au rythme insoutenable de 9 % entre 2010 et 2011, alimenté par les politiques expansionnistes. La banque centrale a réduit son taux directeur de plus de 10 points de pourcentage et le taux d’intérêt réel s’est retrouvé en territoire négatif, alors qu’il atteignait environ 7,5 % avant la crise financière mondiale. Les dépenses publiques sont passées de 13 % en 2006 à 16 %, érodant l’excédent primaire que le secteur publique était parvenu à générer. Les dépenses publiques contribuent désormais à 25 % de la croissance du PIB, contre une moyenne de 10 % entre 2002 et 2006. Malgré le fort assouplissement des politiques conjoncturelles, la croissance enregistrée après 2007 fut de mauvaise qualité. Depuis 2010, l’investissement dans le secteur manufacturier et la croissance de la productivité se sont effondrés. Certaines estimations suggèrent que la croissance de la productivité totale des facteurs est désormais négative. Les inégalités ont augmenté à nouveau.

L’évolution du solde courant traduit la dégradation de la qualité de la croissance. La forte croissance de la période 2002-2006 s’accompagnait d’un léger déficit courant, mais ce dernier s’est par la suite fortement creusé. Alors que les entrées de capitaux contribuaient à financer l’investissement entre 2002 et 2006, elles alimentent aujourd’hui la consommation. Le financement même du déficit courant est inquiétant : le financement de long terme et les investissements directs à l’étranger ont laissé place à des entrées de capitaux de plus court terme, donc potentiellement plus instables. La lire turque fut l’une des devises ayant subi les plus fortes dépréciations suite à l’annonce du tapering par la Fed. Un analyste de Stanley Morgan a ainsi forgé le terme de « fragile five » pour désigner la Turquie, l’Afrique du Sud, du Brésil, de l’Inde et de l’Indonésie ; ces cinq pays émergents ont non seulement vu leurs perspectives de croissance être fortement révisées à la baisse, mais ils se sont révélés être fortement dépendants du financement extérieur et ils ont connu de fortes turbulences sur le marché des changes

Üçer et Acemoğlu affirment que l’accélération de la croissance turque suite à la crise financière de 2001 et sa décélération à partir de 2007 sont liées à des dynamiques institutionnelles. Les institutions ont connu une série de réformes favorables à la croissance suite à la crise financière, notamment les réformes du secteur bancaire, l’indépendance de la banque centrale qui permit de pratiquement juguler l’inflation, la meilleure gestion des dépenses publiques et la plus grande transparence dans les décisions gouvernementales. La seconde moitié des années deux mille fut par contre marquée par une dégradation de l’environnement institutionnel, comme le dénote notamment la hausse du niveau apparent de corruption, et cette évolution briderait le potentiel de croissance de l’économie turque.

Selon Üçer et Acemoğlu, ces progrès et reculs institutionnels furent eux-mêmes étroitement liés aux dynamiques politiques. En effet, la période 2002-2006 coïncide avec un approfondissement de la démocratie en Turquie sous l’aiguillon de l’Union européenne, un recul de l’influence de l’Armée et un élargissement de la participation politique. L’Armée était effectivement au pouvoir depuis le coup d’Etat de 1980 ; lors des élections de 2002 le parti Justice et Développement (AKP) arriva au pouvoir avec la volonté affichée de mieux répartir les gains de la croissance dans la population et sur l’ensemble du territoire. Embrassant l’orthodoxie économique du FMI et de la Banque mondiale, l’AKP fut à l’origine des réformes structurelles d’après-crise et du plus grand investissement dans l’éducation, la santé et les infrastructures. Malheureusement, au cours de la seconde moitié des années deux mille, les relations entre la Turquie et l’Union européenne se sont effondrées et les divers contrepoids limitant l’influence du parti au pouvoir se sont effrités. En conséquence, les médias se sont retrouvés aussi contrôlés que durant le régime militaire et ils peuvent ainsi difficilement amener le gouvernement à rendre des comptes. Le système juridique a quant à lui perdu le peu d’indépendance qu’il avait précédemment gagné. Üçer et Acemoğlu craignent notamment que l’évolution du système politique turc vers un véritable régime présidentiel s’accompagne de la disparition des divers contrepoids visant à limiter le pouvoir présidentiel.

 

Références

ACEMOGLU, Daron, & Murat UCER (2015a), « Rolling back reform has led to malaise in Turkey », in Financial Times, 15 avril. 

ACEMOGLU, Daron, & Murat UCER (2015b), « The ups and downs of Turkish growth, 2002-2015: Political dynamics, the European Union and the institutional slide », NBER, working paper, n° 21608, octobre.

RODRIK, Dani (2015), « Turkish economic myths », avril.

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 18:43

Les études se sont souvent penchées sur l’impact des variables macroéconomiques sur les élections ; elles ont par exemple suggéré qu’une forte croissance tend à conforter le gouvernement en place. Par contre, il y a moins d’études sur le sens de causalité inverse, c’est-à-dire sur l’impact des résultats des élections sur les agrégats macroéconomiques.

Alan Blinder et Mark Watson (2014) sont revenus sur un résultat bien connu, mais peu documenté : durant l’après-guerre, l’économie américaine a connu une plus forte croissance économique lorsque le Président est démocrate plutôt que républicain, en l’occurrence une croissance supérieure de 1,8 point de pourcentage en moyenne, alors même que le taux de croissance moyen s’est élevé à 3,3 % sur la période. Elle génère également davantage d’emplois, réduit davantage le taux de chômage, accroît les profits des entreprises et leurs dépenses d’investissement et se traduit par de meilleurs rendements sur les marchés boursiers.

GRAPHIQUE  Taux de croissance annuel moyen lors des différents mandats présidentiels (en %)

Blinder--croissance-democrates-republicains-Etats-Unis.png

source : Blinder et Watson (2014)

Blinder et Watson ont également observé l’impact de la nature partisane du gouvernement sur les performances macroéconomiques des autres pays avancés d’après-guerre. Si le taux de croissance moyen a également été plus élevé lorsqu’un parti de gauche était au pouvoir dans le cas du Canada, c’est au contraire lorsqu’un parti de droite était au pouvoir dans le cas du Royaume-Uni ou de l’Allemagne. Les auteurs ont également observé l’effet des mandats présidentiels sur la croissance Française depuis 1949. Sur les 253 trimestres qui se sont déroulés depuis, le taux de croissance du PIB s’élevait en moyenne à 3,19 % lors des 96 trimestres au cours desquels le gouvernement était de gauche, tandis qu’il s’élevait en moyenne de 3,42 % au cours des 157 trimestres où le gouvernement était de droite. 

Blinder et Watson se sont alors demandés pourquoi la croissance a été plus élevée aux Etats-Unis lorsque les démocrates étaient au pouvoir. Du point de vue des dépenses, l’écart de croissance vient de l’investissement des entreprises et les dépenses en biens durables ; il apparaît en l’occurrence principalement lors de la première année du mandat présidentiel. La plus forte croissance n’est pas attribuable à de meilleures conditions initiales, ni à des taux de croissance différents, ni même à un regain de confiance suite à l’élection d’un Président démocrate. L’écart de croissance ne semble pas non plus s’expliquer par des choix de politique macroéconomique : ce n’est pas parce que la politique monétaire ou la politique budgétaire sont plus accommodantes sous les démocrates que la croissance a été plus forte. En fait, l’analyse économétrique réalisée par Blinder et Watson suggère plutôt que l’explication est à chercher du côté de la chance : lorsque les démocrates sont au pouvoir, les chocs pétroliers sont plus bénins, la performance de la productivité totale des facteurs plus forte, l’environnement international plus favorable et les anticipations des consommateurs plus optimistes concernant l’avenir à court terme.

 

Référence

BLINDER, Alan S., & Mark W. WATSON (2014), « Presidents and the U.S. economy: An econometric exploration », National Bureau of Economic Research, working paper, n° 20324, juillet.

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 23:26

Depuis l'antiquité, beaucoup se sont demandés quel régime politique favorise la prospérité économique. Certains suggèrent qu’un régime autoritaire promeut plus efficacement le développement économique qu’un régime démocratique, en particulier dans les pays relativement pauvres. Ces dernières décennies, plusieurs pays asiatiques ont su amorcer et maintenir un rythme soutenu de croissance, sans pour autant avoir à adopter un modèle démocratique. Les régimes autoritaires seraient incités à mettre en place les politiques économiques qui favorisent la croissance afin d’éviter le mécontentement populaire, ce qui leur permet d'assurer la stabilité du régime. En outre, les gouvernements autoritaires seraient les plus à même à exploiter les ressources naturelles et ainsi à préserver leur économie d'une « maladie hollandaise », en permettant à une minorité de confisquer directement la rente générée par l'exploitation des ressources naturelles et encore une fois de l'utiliser pour promouvoir l'activité économique et la stabilité du régime, en réduisant les impôts et en accroissant les aides publiques.

Réciproquement, l’adoption d’un régime démocratique pourrait pénaliser la croissance économique. L’accord du droit de vote à l’ensemble de la population conduit à un appauvrissement de l’électeur médian. Le gouvernement est alors plus enclin à développer la redistribution de revenus au profit des ménages aisés, mais le durcissement de la fiscalité pour les hauts revenus et le versement de prestations sociales aux moins aisés amènent les premiers comme les seconds (mais pas pour les mêmes raisons) à réduire leur offre de travail et leurs efforts d’investissement. Les élections amèneraient différents groupes concurrents à gaspiller des ressources pour prendre le pouvoir. Une fois au pouvoir, les élites nourrisent des comportements clientélistes. Influencés par l'opinion publique et les groupes de pression, ils ne prennent pas les décisions économiquement optimales. Les gouvernements en place n’hésiteraient d'ailleurs pas à creuser les déficits budgétaires pour adopter des politiques économiques favorisant leur réélection. Au final, les autorités publiques dans un régime démocratique tendraient à favoriser la consommation immédiate et les dépenses improductives au détriment de l’investissement et de la croissance à long terme.

D’autres considèrent au contraire qu’un système démocratique favorise la croissance économique. La redistribution démocratique peut se traduire par le développement du système éducatif et la fourniture de biens publics, notamment la mise en place d’infrastructures favorisant la production et les échanges. Les gouvernements tendent à améliorer la qualité de vie des populations, en particulier leur santé. Ces mesures favoriseraient la confiance entre les individus et stimuleraient (notamment pour cette raison) leur productivité. Le plus grand respect des droits à la propriété pourrait stimuler l’investissement et l’innovation.

En observant 100 pays entre 1960 et 1990, Robert Barro (1996) a recherché un lien empirique entre la démocratie et la croissance économique. Il constate que la première a un léger effet négatif sur la seconde. Son analyse suggère en outre la présence d’une relation non linéaire : la démocratie stimule la croissance pour de faibles niveaux de liberté politique, mais tend par contre à la réduire lorsqu'un certain niveau de liberté est atteint. L’amélioration du niveau de vie, qu’elle soit mesurée par la hausse du PIB, de l’espérance de vie et de l’éducation, accroît les chances qu’un pays adopte un régime démocratique.

Si plusieurs études empiriques tendent à confirmer les conclusions de Barro, d’autres suggèrent en contraire un effet bénéfique de la démocratie sur la croissance, tandis que d’autres encore ne parviennent à saisir aucune influence de la première sur la seconde. Mais Daron Acemoglu, Suresh Naidu, Pascual Restrepo et James Robinson (2014) affirment que l’étude de Barro, comme bien d’autres qui l’ont suivie, rencontrent quatre problèmes lorsqu’elles cherchent à mettre à jour le lien entre démocratie et croissance. Premièrement, les indicateurs de démocratie sont sujets à de profondes erreurs de mesure, si bien que le score démocratique d’un pays est susceptible de varier sans que ses institutions connu de mutations. Deuxièmement, les régressions en coupe transversale ont peu de chances de révéler l’impact causal de la démocratie sur la croissance, car les pays démocratiques diffèrent en de nombreux aspects (institutionnels, politiques, historiques et culturels) des pays non démocratiques. Troisièmement, les démocratisations sont précédées par une chute du PIB, si bien qu’une modélisation de la dynamique du PIB est nécessaire pour estimer l’impact de la démocratie sur ce dernier. Quatrièmement, le biais de variables omises est susceptible d’être particulièrement important, car les basculements dans un régime démocratique peuvent être corrélés avec d’autres changements ou répondre aux conditions économiques.

C’est précisément ces quatre problèmes que prennent explicitement en compte Daron Acemoglu et alii (2014) lorsqu’ils proposent leur propre évaluation de l’impact de la démocratie sur le PIB en observant un ensemble de pays entre 1960 et 2010. Ils avaient constaté dans une précédente étude que la démocratie ne réduisait pas les inégalités ; ils montrent ici qu’elle stimule toutefois la croissance économique. En effet, les démocratisations accroissent le PIB par tête d’environ 20 % au cours des trois décennies suivantes. Le graphique ci-dessous représente le PIB par habitant (en logarithmes) des pays qui adoptent un régime démocratique par rapport à ceux qui n’ont pas abandonné leur régime autoritaire (avec l’année 0 représentant l’année de la démocratisation). La démocratisation est précédée par une chute brutale du PIB. Ainsi, un pays tend à basculer dans la démocratie lorsqu’il subit une crise économique : un tel choc offre l’opportunité aux citoyens de contester le pouvoir en classe, puisque le coût d’une telle contestation est alors relativement faible. 

GRAPHIQUE PIB par tête autour d’une démocratisation

Acemoglu--Robinson--democratie-croissance-PIB.png

source : Acemoglu et alii (2014)

Les quatre auteurs constatent également qu’un pays a d’autant plus de chances d'adopter un régime démocratique que ses voisins ont eux-mêmes connu une démocratisation au cours des précédentes années ; réciproquement, un pays a d’autant plus de chance d’adopter un régime non démocratique que ses voisins ont basculé dans un tel régime au cours des précédentes années. Ainsi, les démocratisations tendent à survenir par vagues régionales, tout comme l'instauration des dictatures. 

Ils cherchent ensuite à mettre en évidence les canaux par lesquels la démocratie affecte le PIB. Celle-ci semble stimuler la croissance économique en encourageant l’investissement, en accroissant la scolarité (en particulier dans l’enseignement primaire), en poussant le gouvernement à instaurer des réformes économiques, en améliorant la fourniture de biens publics, notamment en stimulant les services publics dans le domaine de la santé, et enfin en réduisant le désordre social.

Daron Acemoglu et ses coauteurs observent ensuite les interactions entre la démocratie et le niveau de développement économique en saisissant ce dernier à travers le PIB par habitant. Ils ne constatent pas que la démocratie soit une contrainte pour la croissance économique dans les pays les moins développés. En outre, les données empiriques ne suggèrent pas que l’impact de la démocratie sur la croissance économique varie avec le niveau initial de développement économique. En revanche, la démocratie semble d’autant plus stimuler la croissance économique que le pays possède initialement un niveau élevé d’éducation, puisque son impact positif est d’autant plus important que les économies possèdent une large part de la population dans l’enseignement secondaire. Les auteurs avancent deux hypothèses pour expliquer ce résultat : la démocratie pourrait mieux fonctionner avec une population plus instruite ; un capital humain élevé atténue les conflits dans la répartition, ce qui rend le régime démocratique plus stable. Ils privilégient la seconde hypothèse. 

 

Références

ACEMOGLU, Daron, Suresh NAIDU, Pascual RESTREPO & James A. ROBINSON (2013), « Democracy, redistribution and inequality », National Bureau of Economic Research, working paper, n° 19746, décembre.

ACEMOGLU, Daron, Suresh NAIDU, Pascual RESTREPO & James A. ROBINSON (2014)« Democracy does cause growth », National Bureau of Economic Research, working paper, n° 20004, mars.

BARRO, Robert J. (1996)« Democracy and growth », in Journal of Economic Growth, vol. 1, n° 1.

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